Cher collĂšgue, C'est avec beaucoup de peine que j'ai appris la triste de nouvelle et je voulais te prĂ©senter mes condolĂ©ances. La perte d'un proche est une des pire Ă©preuve que nous ayons Ă traverser dans notre vie. Il te faudra du temps pour faire ton deuil et pour garder bien prĂ©cieusement dans un coin de ta tĂȘte tous les bons moments dont tu veux te souvenir avec le dĂ©funt. Prends soin de toi, prends soin des tiens, cela te permettra de revenir sereinement dans le milieu professionnel. Je t'apprĂ©cie beaucoup en tant que collĂšgue de travail et je partage ta douleur. Je te prĂ©sente mes plus sincĂšres condĂ©lances. Nicolas
CetemployĂ© de la Poste, est dĂ©cĂ©dĂ© de maniĂšre tragique le 27 juillet 1989, Ă cause dâun colis piĂ©gĂ©. Trente-trois ans aprĂšs, les collĂšgues de NoĂ«l GuĂ©rini continuent dâhonorer sa PubliĂ© le 25/07/2022 Ă 1149, Mis Ă jour le 25/07/2022 Ă 1456 Les joueurs ont enfilĂ© Ă la fin du match un t-shirt noir, floquĂ© du prĂ©nom Xavier». Capture d'Ă©cran L'Equipe Ta voix nous manque», ont assurĂ© ses confrĂšres sur la chaĂźne L'Ăquipe durant la demi-finale opposant la France Ă l'Italie. Le commentateur est dĂ©cĂ©dĂ© vendredi Ă l'Ăąge de 59 aurait dĂ» commenter cette rencontre. Le journaliste de la chaĂźne L'Ăquipe Xavier Richefort est dĂ©cĂ©dĂ© le 22 juillet 2022 Ă l'Ăąge de 59 ans, des suites d'un infarctus. Ses collĂšgues lui ont rendu hommage ce samedi lors du match opposant la France Ă l'Italie en demi-finale de la Ligue des nations - que les Bleus ont finalement remportĂ©e dimanche, face aux Ollivier, chargĂ© des commentaires de ce match lors duquel la France a battu l'Italie Ă plate couture, a Ă©voquĂ© une voix qu'on ne remplace pas». AprĂšs une carriĂšre de volleyeur professionnel il avait Ă©tĂ© champion de France en 1993 avec le PSG - AsniĂšres, Xavier Richefort Ă©tait passĂ© par l'Ăquipe TV puis Eurosport et Infosport, avant de retrouver la chaĂźne L'Ăquipe en 2012. Les premiers points de la rencontre, durant deux minutes, n'ont pas Ă©tĂ© commentĂ©s, pour saluer sa lire aussiVolley troisiĂšme titre en Ligue des nations pour Ngapeth et les BleusĂ la fin du match, les joueurs français lui ont rendu hommage Ă leur tour en enfilant un maillot noir avec le prĂ©nom de Xavier Ă©crit en blanc. Membre important de la rĂ©daction de la chaĂźne, comme l'a soulignĂ© Samuel Ollivier, et grand spĂ©cialiste du volley en gĂ©nĂ©ral, beaucoup des Bleus le connaissaient. Tout le monde l'aimait. Pour sa voix, sa gentillesse, il va beaucoup nous manquer», conclut le commentateur et joueur Yannick VOIR AUSSI - Olivier MĂ©nard L'Ăquipe du soir» Karim Benzema chez les Bleus, ça m'excite!» RĂ©digerun hommage. Quelques Ă©lĂ©ments clĂ©s pour vous guider dans la planification, la rĂ©daction et la prestation dâun hommage funĂ©raire. Un hommage rĂ©ussi ActualisĂ©30 novembre 2019, 1942FranceĂmu, Delahousse rend hommage Ă un collĂšgueLe prĂ©sentateur du JT de France 2 a Ă©voquĂ© le dĂ©cĂšs vendredi d'un des journalistes les plus rĂ©putĂ©s de la chaĂźne de le cĆur gros que Laurent Delahousse a conclu son journal du jour, vendredi sur France 2, en rendant hommage au journaliste Claude Sempere. Le Grand reporter» de France TĂ©lĂ©visions est dĂ©cĂ©dĂ© le mĂȘme jour Ă l'Ăąge de 55 ans, laissant derriĂšre lui des collĂšgues profondĂ©ment touchĂ©s.Il Ă©tait une plume rare, prĂ©cise, empathique. Il aimait ce mĂ©tier, nous pousser toujours vers l'exigence et la rigueur. Que son travail et sa passion pour le journalisme servent d'exemple pour la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Il Ă©tait notre confrĂšre, notre ami. Nous pensons Ă lui, Ă Dominique, Ă Matilda et Ă Esteban», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sentateur, particuliĂšrement connu des fidĂšles du JT de France 2, mais Ă©galement des tĂ©lĂ©spectateurs d'EnvoyĂ© SpĂ©cial, Claude SempĂšre l'une des grandes signatures de la rĂ©daction de France 2» d'aprĂšs Laurent Delahousse a notamment effectuĂ© des reportages en Afghanistan, au Kosovo, au Cambodge ou encore aux Ătats-Unis. En 1997, il a remportĂ© le prix Albert Londres, qui couronne chaque annĂ©e les meilleurs Grands Reporters » francophones. 20 minutes CetintĂ©rimaire de 54 ans avait perdu la vie dans la nuit de mardi Ă mercredi dans un accident de travail. Un hommage lui a Ă©tĂ© rendu par ses collĂšgues ce vendredi matin. 1En Afrique, comme en AmĂ©rique et partout oĂč existent des sociĂ©tĂ©s traditionnelles, les personnes ĂągĂ©es â que les AmĂ©rindiens du Nord qualifient dâ aĂźnĂ©s » Elders en anglais â sont lâobjet dâun profond respect, car on estime que, si leur vie en ce monde a Ă©tĂ© longue, câest quâelles ont respectĂ© des rĂšgles de savoir-vivre que ces sociĂ©tĂ©s instituent et transmettent par lâĂ©ducation, pour le bien-ĂȘtre et lâharmonie des relations entre tous les ĂȘtres vivants qui habitent notre petite planĂšte. AssurĂ©ment, Pierre Erny, qui vient de rejoindre le pays infini des souvenirs, a jouĂ© et jouera ce rĂŽle dâ ancĂȘtre fondateur », au mĂȘme titre que Dominique Zahan qui crĂ©a effectivement lâInstitut dâethnologie Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg en 1960. 2Les paroles dĂ©sormais classiques du philosophe africain peul Hamadou AmpĂąte BĂą En Afrique, un vieillard qui meurt, câest une bibliothĂšque qui brĂ»le », remises dans leur contexte, sâappliquent au mieux Ă Pierre Erny. Mais, avec lui, câest plus quâun savoir qui disparaĂźt car son Ă©rudition, elle Ă©tait grande, il la mit toute une vie au service dâune action pĂ©dagogique et humaine peu commune. 3On ne peut quâapprouver celui ou celle, dont le nom mâĂ©chappe, qui a dit que lorsquâon choisissait un nouveau membre au sein dâune facultĂ©, dâun institut ou dâun laboratoire, câest un collĂšgue que lâon Ă©lisait. Un collĂšgue » nâest pas seulement un enseignant et il nâest pas uniquement de bureau », mĂȘme sâil arrive quâon le partage comme ce fut mon cas avec Pierre Erny, câest quelquâun avec qui lâon passe une partie de son temps, quelquâun avec qui lâon peut Ă©changer des points de vue, des idĂ©es sur le monde comme il va, mais aussi, parfois, des sentiments, des Ă©motions. Un collĂšgue » câest quelquâun avec qui vous animez une institution, ce qui veut dire partager les responsabilitĂ©s, participer Ă des rĂ©unions souvent ennuyeuses mais toujours, enfin presque toujours, nĂ©cessaires ; se battre pour ce en quoi vous croyez et avoir une vision pour lâavenir, un avenir souvent incertain. 1 Lâethnologie Ă©tait considĂ©rĂ©e par le pouvoir algĂ©rien comme une discipline coloniale et, Ă ce tit ... 4Pierre Erny possĂ©dait au plus haut point ces qualitĂ©s. Enseignant, il lâĂ©tait et quel. Nous partagions une mĂȘme expĂ©rience puisque, tandis que sa premiĂšre fonction fut celle dâinstituteur en Haute-Volta, aujourdâhui Burkina Faso, jâai dĂ©marrĂ© ma carriĂšre dâethnologue en 1971 comme instituteur chargĂ© de direction de lâĂcole mixte de Camopi » en Guyane qualifiĂ©e alors de française » pour la dĂ©marquer de ses voisines les Guyanes anglaise Guyana et hollandaise Surinam. Plus tard, nous fĂ»mes tous deux enseignants dans des universitĂ©s africaines lui au ZaĂŻre et au Rwanda, moi Ă Oran, en AlgĂ©rie, aprĂšs lâobtention dâune thĂšse dâethnohistoire Ă lâUniversitĂ© de Paris 5-Sorbonne. Jâai enseignĂ© quatre ans de 1977 Ă 1981 la psychologie sociale1 Ă lâUniversitĂ© dâOran avant dâintĂ©grer, Ă lâUniversitĂ© de Paris 7, lâUF Anthropologie, Ethnologie, Sciences des religions » créée et animĂ©e par Robert Jaulin, puis, en 1985, lâUniversitĂ© de Strasbourg. 5Pierre et moi partagions aussi lâidĂ©e que tous les efforts de lâethnologie son sans effet si les peuples concernĂ©s nâen ont pas le bĂ©nĂ©fice pratique » Jenny 1972 257. Quant Ă lâorigine et Ă la nature de ce bĂ©nĂ©fice » nos points de vue, certes, divergeaient Pierre Erny pensait que les sociĂ©tĂ©s africaines, comme les sociĂ©tĂ©s traditionnelles en gĂ©nĂ©ral, subissaient une mutation inĂ©luctable vers une modernitĂ© », dont il critiquait par ailleurs des aspects dĂ©shumanisants, et quâon assistait Ă lâadoption dâun nouveau genre de vie et [âŠ] lâentrĂ©e dans la civilisation industrielle » Erny 1972 12. Ceci rendait, par exemple, la mise en place de lâinstitution scolaire, elle aussi, inĂ©vitable et mĂȘme bĂ©nĂ©fique. De plus, sa formation de sĂ©minariste, ses Ă©tudes en thĂ©ologie Ă lâuniversitĂ©, sa foi chrĂ©tienne profonde le conduisaient Ă une mĂȘme absence de prĂ©ventions Ă lâĂ©gard de lâĂglise et de lâaction missionnaire. 2 Nous souhaitions, en appliquant ce programme â ce qui nous fut temporairement accordĂ© par pur opp ... 3 Pierre Erny emploie une expression trĂšs proche de celle que jâai dĂ©veloppĂ©e dans mes Ă©crits comme ... 6Moi et mes collĂšgues et amis Pierre et Françoise Grenand avions initiĂ©, dĂšs 1970, un projet dâenseignement adaptĂ© aux populations tribales de Guyane française. FormĂ©s sur les mĂȘmes bancs de la Sorbonne et du MusĂ©e de lâHomme, Ă une ethnologie rigoureuse mais aussi engagĂ©e », sinon mĂȘme militante, nous pensions que lâĂ©cole telle quâelle sâĂ©tait imposĂ©e chez les AmĂ©rindiens de Guyane, et trĂšs influencĂ©e par lâĂglise2, conservait un caractĂšre colonial et quâelle participait au premier chef dâun projet dâassimilation, dâethnocide pour dire le mot, des populations traditionnelles, visant Ă substituer une Ă©conomie de marchĂ© Ă lâĂ©conomie de subsistance traditionnelle chasse, pĂȘche, collecte et agriculture sur brĂ»lis et, plus que cela, Ă transformer les mentalitĂ©s. Pierre Erny le reconnaissait dâailleurs puisquâil Ă©crivait quâavec la conquĂȘte coloniale Câest tout un monde spirituel, un ordre de reprĂ©sentations, de croyances, dâusages et dâactivitĂ©s qui soudain sâeffondre aprĂšs avoir survĂ©cu depuis un temps immĂ©morial [âŠ] Ă des rapports dâĂ©quilibre et dâharmonie entre lâhomme et la nature succĂšdent des rapports de domination et un projet dâasservissement de lâune par lâautre. Les agglomĂ©rations urbaines deviennent comme les creusets de la modernitĂ© oĂč les liens interhumains se dĂ©personnalisent et oĂč lâon assiste Ă des phĂ©nomĂšnes de massification » Erny 1972 28. Pierre Erny ne parlait-il pas dĂ©jĂ ici dâune mondialisation », de lâinstauration dâune pensĂ©e unique et de la domination dâun mode dâĂȘtre, de penser et dâagir3 qui ne rĂ©pond plus aux vĂ©ritables besoins de cette planĂšte et de ses habitants humains et non-humains ? 7Et lâĂglise, les Ă©glises plutĂŽt, les religions dites rĂ©vĂ©lĂ©es » â elles ne le sont pas plus que les autres, pas plus quâelles ne sont davantage monothĂ©istes » â, avant-garde et agents actifs de cette colonisation des corps, des esprits et des espaces, nâont-elles pas une grave responsabilitĂ© dans la dĂ©structuration des sociĂ©tĂ©s et des individus qui les composent, et des gĂ©nocides qui jalonnent lâhistoire de lâhumanitĂ© ? 8Alors, pourquoi, sauf Ă invoquer un Ă©volutionnisme social dĂ©suet mais tenace Ă la Morgan 1877 et le devoir Ă©vangĂ©lique » qui en est la caution morale, vouloir, Ă tout prix, jusquâĂ leur mort, embarquer les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, encore porteuses de valeurs, Ă©cologiques, humaines et spirituelles propres, vers lâabĂźme et lâeffondrement Diamond 2006 auxquels nous conduisent des politiques insensĂ©es, suicidaires et criminelles ? Pierre Erny Ă©voque la volontĂ© des gens eux-mĂȘmes, particuliĂšrement celle des jeunes gĂ©nĂ©rations Mais nous le savons bien tout cela appartient au moins virtuellement au passĂ©. Ă travers leur jeunesse, les cultures traditionnelles aspirent aujourdâhui de toutes leurs forces vers la civilisation moderne, technique et industrielle, et se montrent avides dâassumer toutes les consĂ©quences que ce passage entraĂźne. Ne sont-elles pas sur le point dâĂȘtre emportĂ©es par le mĂȘme courant irrĂ©versible qui a submergĂ© dans un passĂ© relativement proche les sociĂ©tĂ©s paysannes dâEurope ? Par son importance, le saut qualitatif quâaccomplissent ainsi les peuples que nous qualifions dâarchaĂŻques ne peut se comparer quâĂ la rĂ©volution nĂ©olithique issue des grandes dĂ©couvertes indispensables Ă la sĂ©curitĂ© et Ă lâĂ©panouissement de lâespĂšce humaine. Comme cette derniĂšre, le passage Ă la modernitĂ© entraĂźne une restructuration extrĂȘmement profonde dont on ne saurait exagĂ©rer la portĂ©e ni les implications. » Erny 2006 12-13. 4 F. Fanon Ă©crit Le colon ne sâarrĂȘte dans son travail dâĂ©reintement du colonisĂ© que lorsque ce ... 9Mais si la rĂ©volution nĂ©olithique » fut progressive et animĂ©e par un mouvement interne â ce qui nâexclut pas les influences â, ces aspirations » de la jeunesse et le soi-disant dĂ©sir de civilisation » ne sont-ils pas la rĂ©ussite suprĂȘme du processus colonial, un processus imposĂ© de lâextĂ©rieur que jâappelle lâĂ©gocide et que Frantz Fanon a parfaitement rĂ©sumĂ©4 convaincre lâautre que ce quâon lui propose est la meilleure et mĂȘme la seule voie possible pour lui ? Ă qui profite vraiment cette persuasion clandestine » Packard 1958, câest la vĂ©ritable question. Ce nâest pas le lieu dâen dĂ©battre ici, et, malheureusement, nous nâeĂ»mes guĂšre le loisir et le temps, Pierre et moi, de mener Ă Strasbourg une nouvelle controverse de Valladolid » ! 10Pierre Erny avait une certaine conception de lâethnologie, de ses mĂ©thodes et de ses objectifs. Sa premiĂšre thĂšse, soutenue bien sĂ»r Ă lâUniversitĂ© â alors des Sciences humaines â de Strasbourg, Ă©tait en psychologie. Il savait quâon ne peut moralement intervenir, pour le meilleur pensait-il, dans la vie des autres si on ne les connaĂźt intimement, dans leurs actes comme dans leurs pensĂ©es. Autant dire que lâĂ©loignement du regard prĂŽnĂ© par Claude LĂ©vi-Strauss 1983 nâĂ©tait pas sa tasse de thĂ©. Et sa longue frĂ©quentation des sociĂ©tĂ©s africaines, et sans doute aussi ses profondes racines alsaciennes quâil partageait avec Antoinette, son Ă©pouse et son soutien constant, lâavaient convaincu, comme je le suis, quâau-delĂ de la diversitĂ© des cultures, dont lâethnologue, rĂ©pondant au vĆu de Montaigne 1580 et de Rousseau 1755, fait un peu lâinventaire, il existe un substrat commun qui constitue une nature humaine », une nature » qui, au-delĂ de nos indices cĂ©phaliques, de nos couleurs de peau, des habitus des uns et des autres, nous incite Ă la communication et Ă lâĂ©change. AnimĂ© lui-mĂȘme dâune foi intense â il prĂ©para aussi, dans la foulĂ©e, aussi Ă Strasbourg, une thĂšse de thĂ©ologie â, Pierre Erny savait que lâĂȘtre humain est par nature angoissĂ©, quâil se pose beaucoup de questions auxquelles il a rarement des rĂ©ponses et que les mystĂšres irrĂ©solus le conduisent Ă des croyances et Ă des comportements peu rationnels, la part maudite »Bataille 1949 peut-ĂȘtre. Il savait quâil existe dâautres voies de connaissance, empruntĂ©es par les philosophies orientales et par les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, que lâapproche cartĂ©sienne. Le rĂȘve, si important dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, est lâune de ces voies et le mythe en est lâillustration. 11Ătranger aux Ă©coles et aux querelles de clochers ; animĂ© dâune grande curiositĂ© et avec une large ouverture dâesprit, Pierre Erny pensait quâaucune de ces voies ne doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e a priori. Dans un vĂ©ritable esprit de pluridisciplinaritĂ©, il dĂ©veloppa donc, au sein de lâInstitut dâethnologie, des enseignements tous azimuts, en astronomie, en philosophie orientale bouddhisme tibĂ©tain, en psychanalyse jungienne, etc. 12Quant aux personnes visĂ©es, lĂ aussi il voyait large Je pensais que lâethnologie devait aussi ĂȘtre accessible aux mĂ©decins, aux assistantes sociales⊠une clientĂšle extĂ©rieure Ă lâethnologie ». Ou encore JâĂ©tais persuadĂ©, et je le suis plus que jamais, que lâethnologie a quelque chose Ă apporter Ă tous ceux qui travaillent sur lâhomme et avec lâhomme » citĂ© par Bianquis 1992 43-44. Sur ces principes, on doit Ă Pierre Erny dâavoir su attirer Ă lâethnologie un public nombreux et diversifiĂ© ; le recrutement de lâInstitut dâethnologie dĂ©passa mĂȘme un court moment celui de la sociologie ! 13Ce sont les deux Pierre, dans lâordre Pierre Vogler et Pierre Erny, qui mâaccueillirent en 1985 Ă lâInstitut dâethnologie de lâUniversitĂ© des Sciences humaines devenue, par confusion avec les deux autres ex-universitĂ©s, Louis Pasteur et Robert Schuman, une partie de lâUniversitĂ© de Strasbourg. Jâeus trĂšs vite lâoccasion dâapprĂ©cier la bienveillance de Pierre Erny, moi qui venais de chez Robert Jaulin Ă lâUniversitĂ© de Paris 7-Jussieu et apportais dans mes bagages lâidĂ©e dâune ethnologie engagĂ©e voire militante. 14Lâenseignement et le suivi des Ă©tudiants, en ethnologie mais aussi en sciences de lâĂ©ducation, nous ont largement occupĂ©s et les seules occasions dâĂ©changer nos points de vue, de façon toujours cordiale bien sĂ»r, furent les soutenances de mĂ©moires et des thĂšses lorsque nous nous retrouvions dans des jurys communs, ce qui se produisit Ă de nombreuses reprises. Pierre Ă©tait la bienveillance mĂȘme, bienveillance sans complaisance, envers les Ă©tudiants ; il savait combien est long et difficile le cheminement qui mĂšne des bancs inconfortables des amphithéùtres vers les salles, toujours trop petites, de cours et de sĂ©minaires, pour aboutir, pas toujours, avec beaucoup dâabnĂ©gation et souvent de sacrifices, Ă la mise en scĂšne finale de la soutenance de thĂšse devant un arĂ©opage de savants spĂ©cialistes » qui vont vous soumettre Ă la question ! 15Si Pierre Erny respectait le jugement des autres, il savait aussi faire valoir ses arguments et tenir ferme devant des adversitĂ©s qui ne manquĂšrent pas au sein mĂȘme des sciences sociales. Lui et moi nous retrouvions aussi largement dans la dĂ©fense de notre discipline dont lâexistence mĂȘme fut souvent mise en question. Il nous fallait, par exemple, constamment rappeler que la distinction entre socio » et ethno » nâest pas seulement de mĂ©thode ! 16Et P. Erny trouvait encore le temps dâĂ©crire ; sa bibliographie est considĂ©rable et ses Ă©crits sur lâĂ©ducation traditionnelle et la scolarisation des jeunes africains, au cĆur du dĂ©bat sur la coexistence ou le caractĂšre exclusif de la tradition » et de la modernitĂ© », font de lui lâun des pĂšres de la paĂŻdologie lâĂ©tude de lâenfance et des systĂšmes Ă©ducatifs traditionnels dans les sociĂ©tĂ©s africaines. 17Il est infiniment plus agrĂ©able de rendre hommage Ă une personne lorsquâil nây a pas Ă accoler Ă sa date de naissance, au lieu dâun point de suspension, une date qui marque lâaboutissement dâun long parcours, comme nous le fĂźmes Ă lâinitiative de Suzy Guth, notre collĂšgue et amie, dans un ouvrage paru en 2013. Mais nul doute que lâombre tutĂ©laire de Pierre Erny continue de planer au-dessus de la salle 5319 la salle dâethno », espace protĂ©gĂ© â pour combien de temps encore ? â dernier refuge dâune espĂšce menacĂ©e de disparition. 18JâĂ©cris ces lignes Ă un moment critique de notre histoire, alors que sĂ©vit un virus appelĂ© COVID 19 qui replace les ĂȘtres humains face Ă leur fragilitĂ© et les contraint quelque peu Ă lâhumilitĂ©. Nâest-ce pas une certaine modernitĂ© » qui est mise en Ă©chec, et nâest-il pas temps dâĂ©couter ce que les sages africains, amĂ©rindiens et autres reprĂ©sentants des petites sociĂ©tĂ©s, ont Ă nous dire ? Temps de se demander sâil nâest pas dâautres voies que celle dâune technologie dĂ©bridĂ©e et dâun dĂ©veloppement » effrĂ©nĂ© qui ne profitent plus quâaux nantis et aux profiteurs, et mettent en pĂ©ril la survie de toutes formes de vie ici-bas. Il me plaĂźt de penser que Pierre Erny nâaurait pas dĂ©sapprouvĂ© ces rĂ©flexions finales. Nous venions dâhorizons diffĂ©rents, mais au-delĂ de la diversitĂ©, il y a, aimait-il Ă dire, une unitĂ© de la nature humaine qui nous permet de communiquer. Entre nous, moi le normand, et lui lâalsacien, le courant est passĂ© ; le collĂšgue » est devenu un ami. Câest le mieux quâon puisse espĂ©rer et, quand il vous quitte, la perte est dâautant plus grande car chaque ami qui disparaĂźt, câest une partie de vous-mĂȘme qui sâen va. Institut ethnologie Strasbourg, Archive Eric Navet, 1995. LescollĂšgues disent avoir lâimpression de ne plus pouvoir faire leur travail correctement et ils se sentent abandonnĂ©s par lâinstitution. La souffrance advient lorsquâon ne parvient plus Ă donner du sens Ă notre mission pĂ©dagogique". Ces mots du Snes Fsu concernent un nouveau cas de suicide. FrĂ©dĂ©ric BoulĂ©, un professeur de SVT de Valbonne